Nom : Natsuren
Prénom : Hoshii
Age : 19 ans
Sexe : Féminin
Description Physique :
Hoshii est une de ces jeunes femmes que les ivrognes sifflent volontiers dans les bars. Avant de retrouver la tête sur le sol, bien sûr.
Son visage mutin est illuminé par une paire d’yeux d’un vert trop clair pour ne pas être inquiétant, et sa longue chevelure noire coule jusqu’au bas de ses reins. Des dents blanches et fines comme des perles s’alignent dans un rang impeccable pour vous envoyer un sourire carnassier, celui qui dévoile légèrement des canines de prédateurs et des tendances sadiques.
Une carrure d’un mètre soixante-quinze et une masse musculaire impeccable font d’elle une arme potentiellement létale, avec tous les charmes de la gent féminine, et des réflexes affûtés comme une lame de rasoir.
Description Morale :
Une arme, c’est à peu près ce qui pourrait résumer le mental d’Hoshii. Son esprit est très vif, et une fois que vous avez poussé la gâchette, les choses se terminent rarement bien pour l’ennemi. En effet, elle fait preuve d’une détermination sans failles, et peu de choses peuvent la divertir de ses objectifs, quels qu’ils soient.
Ambitieuse, sa soif de pouvoir ne deviendra pourtant jamais autodestructrice, car Hoshii n’aime qu’une chose, plus que tout, c’est sa propre vie. Quant aux autres, cela ne regarde que vous.
Serez vous dans la trajectoire de l’arme ?
Histoire :
L’histoire des ninjas est semé de noms célèbres, ceux de clans, dont les enfants, du moment de leur venue au monde à leur dernier soupir, étaient, définitivement et irrévocablement, des ninjas, et faits, conçus par leurs parents pour être cela. Au plus profond d’un ADN qui n’était pas le leur, était inscrit en caractères sibyllins le mot « ninja ».
Le destin d’Hoshii lui, n’a jamais été de ceux-là.
Hoshii Natsuren est la fille de paysans, assumons-le, le plus bas de l’échelle sociale. Ni pauvres ni riches, les Natsuren avaient accueilli Hoshii, leur premier enfant, avec joie, ni particulièrement tristes ou heureux qu’il s’agisse d’une fille. C’était leur premier enfant, et l’amour ne pouvait être qu’au rendez-vous.
Leur maison n’était qu’une des simples maisons de ce banal village de l’intérieur des terres, mais la vie y était douce, comme elle sait se montrer douce avec les honnêtes gens, parfois. Les saisons n’étaient jamais rudes, et les grandes puissances étaient calmes, assurant un climat de paix et de sécurité à la petite famille.
Les parents d’Hoshii furent cependant ravis de voir que la petite fille manifestait une rapidité d’apprentissage et de compréhension plutôt rares chez les enfants de ce milieu. Elle apprit vite à marcher, à parler, toutes ces choses qui ont tendance à émerveiller les parents. Peut-être était-ce dû à leur amour inconditionnel, ou au fait qu’elle ait rarement manqué de quoi que ce soit nécessaire au développement de son corps et de son esprit.
Dans ce petit village, c’était la mère d’Hoshii qui donnait des cours aux enfants. Elle venait d’une plus grande ville, et avait reçu une bonne éducation, et était convaincue, -utopiste ! Eve rêveuse! - que tout le monde avait le droit à une vie heureuse et cultivée. Et dans le sourire de « kaa-san », il y avait comme une promesse, auréolée du soleil et de l’ombre des arbres dans lesquels les gamins montaient. Hoshii était la plus rapide des gamins, la première à grimper aux branches, à nager jusqu’au rocher dans la rivière, à faire des grimaces aux vieux, et tant pis pour la punition. C’était le courage des enfants heureux.
Mais les choses ne sont jamais belles très longtemps.
La richesse attire toujours l’envie. Et les terres riches du village attisèrent l’envie de brigands, ceux dont on fait des mythes pour faire peur aux enfants, le soir autour du feu. Mais les brigands sanguinaires existent vraiment, et par une magnifique nuit de nouvelle lune, une troupe de ces hommes s’abattit sur le village, noirs comme des corbeaux et vulgaires comme des porcs. Le vol, le meurtre et le viol. Voilà les trois choses dont Hoshii se souvient de cette nuit-là, la seule chose que son cerveau de fille de six ans ait pu retenir sans sombrer dans les ténèbres. Sauf une chose. Un homme aux longs cheveux noirs, se soulevant au dessus du corps sans vie de sa mère, enceinte de quatre mois, ahanant. Il jura en voyant Hoshii, réfugiée derrière un meuble. Il la saisit par la chemise, soufflant dans son visage enfantin des relents de saké.
« La vie ne sourit pas aux paysans, sale mioche. Va crever, maintenant ! »
Voulez-vous vraiment connaître la suite ?
Car la suite ne sera pas plus belle, je préfère vous avertir maintenant. Vous, qui avez l’âme sensible, peut-être parce que vous pouvez vous permettre ce luxe, le luxe de la sensibilité, passez votre chemin. Restez donc à cette étape de l’histoire, et enterrez Hoshii, inventez lui une fin, n’importe laquelle. Imaginez-la morte de faim, se suicidant, je ne sais pas. Je ne vais pas vous offrir une imagination.
De toute façon, ça ne changera pas grand-chose. Hoshii est morte ce soir de nouvelle lune, l’étoile est tombée, et n’est resté que l’été.
Deux jours plus tard, une gamine quittait le village en cendres, après avoir rattrapé un cheval abandonné dans la forêt, après avoir pleuré deux jours sur le corps de kaa-san avant qu’il ne se mette à gonfler. Sur les flancs amaigris de sa monture de misère, ses jambes blanches couvertes de taches de sang battent contre le poil sale, pas vraiment concernées, elle non plus n’est plus vraiment là.
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Nous voilà huit ans plus tard. Le décor d’une grande ville s’impose partout aux yeux de celle qui se fait appeler Natsu. De longues jambes aux muscles nerveux et fins comme ceux d’un cheval de course. Des tics nerveux quand elle regarde les étals du marché, et que son estomac gargouille. Des yeux d’un vert insolent, et des dents pointues comme celles d’un renard. Des vêtements trop petits sur un corps en expansion permanente.
Le vol, oui, voilà de quoi elle vit. Personne n’envie les voleurs, tant qu’ils restent maigres comme des clous. Et la faim vous ôte vite tous les idéaux utopistes, surtout quand on a la certitude que vos parents n’auraient pas voulu vous voir le ventre vide.
Alors elle s’élance, jaillissant à toute vitesse de son abri derrière une palissade, elle jette une pluie de petites aiguilles qui vont se loger dans un mur proche, les marchands regardent le phénomène, éberlué, et ne remarquent pas l’éclair des cheveux bruns en bataille, avant de former un angle plutôt improbable entre elle et le sol, dans un crissement de gravier, ses getas dérapent, volontairement, et elle attrape un onigiri sur un étal avant de glisser sous celui-ci, qui s’écroule derrière elle. Pas le temps de savourer la prise, si elle ne veut pas être attrapée par le vendeur, le petit-déjeuner disparait dans la besace qui fait le tour de sa taille, et elle ressort à toute vitesse de dessous l’étal. Encore moins le temps de regarder derrière elle ! Le temps de sentir une main qui happe l’air derrière elle, et elle est aspirée par la foule du marché.
Un quart d’heure plus tard, l’onigiri est savouré religieusement, bouchée après bouchée, tout en marchant dans la rue. Il faut en profiter, il n’y aura rien d’autre avant ce soir, au moins, et tant de choses à faire d’ici là. Car si être une voleuse semble une existence facile, les dangers de la rue guettent toujours, et rester la plus forte requiert une attention de tous les moments, des sens en éveil, et un entraînement quotidien. Se battre, mordre, fuir. Pas de vie tranquille…
Quatre ans plus tard. Même ville. Plus les choses changent, et plus elles restent les mêmes. Comme elle. Plus son corps change, plus elle est la même.
Dix-huit ans… Contre toutes les statistiques, elle a survécu à la rue. Quelques cicatrices, mais moins que certains garçons du même âge, question de ruse. Et aussi, des cibles de plus en plus audacieuses. Fini, les vols à l’étalage, maintenant, elle se sert dans les frigos des gens imprudents qui laissent leurs portes ouvertes. Comme ce soir. Il n’est pas vraiment tard non, juste assez pour que la nuit ait complètement étendu son ombre sur la ville. Glissant le long d’un muret, ses mains s’emparent des prises qui tombent sous ses doigts, et elle est vite en haut. Elle saute, et ses pieds foulent soudain l’herbe douce et verte que seuls les fortunés peuvent s’offrir, pour agrémenter leurs immenses jardins. Les brins d’herbe entre ses doigts de pieds la font frissonner et la ramènent à une époque lointaine. Elle secoue la tête, et le souvenir s’en est allé.
La lune éclaire une surface réfléchissante. Le mot « fenêtre » jaillit automatiquement dans son esprit. Par chance, c’est une fenêtre à guillotine, celle qu’on peut facilement soulever quand le propriétaire oublie de mettre le loquet. Un bond, et elle est à l’intérieur. Ses yeux de chat luisent dans la pénombre, s’arrêtant sur les obstacles, canapés, sculptures… Les riches mettent vraiment trop de choses chez eux, pour son sens esthétique à elle. Certes, elle pourrait partir maintenant avec beaucoup de choses de valeur dans les poches, les bijoux de la matrone, ce genre de choses. Ce n’est pas tant de l’honneur que de la prudence : les gérants des monts de piété ne savent jamais tenir leur langue quand on leur revend quelque chose.
Son odorat la guide assez vite à la cuisine, où des relents de nourriture traînaient encore dans l’air. Elle réalise alors qu’elle est déjà venue dans cette maison, mais en passant par le côté ouest de la propriété. Mais la récidive ajoute un peu de sel à la victoire.
Quelques minutes plus tard, elle sort de la cuisine, abandonnant derrière elle les reliefs de son repas. En l’occurrence, pas mal de fruits, car on n’en trouve pas toujours d’aussi bons dans tous les frigos. Son esprit est un peu ailleurs, distrait sûrement par les perspectives qu’elle envisage.
Soudain, une main s’abat sur sa nuque, et c’est comme si une brique s’abattait sur elle. Un coup d’œil derrière elle, et une montagne de muscles la regarde avec l’air passablement mécontent. Visiblement, le propriétaire du palace avait un garde du corps. Il y a des jours où les statistiques vous rattrapent. Des statistiques avec un kunai, de plus.
La sensation d’être prise au piège est assez désagréable, encore plus quand les lumières de la pièce s’allument brusquement et l’éblouissent. Visiblement, le gorille doit être myope comme une taupe, car il ne sourcille même pas. Elle cligne des yeux, avant de fixer son regard sur un vieux monsieur assis dans un fauteuil qui fait trois fois sa taille. Etrange.
« Voilà donc la voleuse de la semaine dernière. Bonsoir jeune fille, j’avais hâte que Dimitri te mette la main dessus. »
Sur le moment, son alarme personnelle se déclencha, sifflant dans ses oreilles pour lui ordonner de fuir. Mais «Dimitri » puisqu’il faut l’appeler comme ça, ne semblait pas du genre conciliant, avec ses pouces prêts à appuyer sur sa carotide. Et elle était prête à parier contre ses artères, sur ce coup-là. Il ne restait qu’à faire avec, alors…
Deux ans après, aux abords du village de Kiri.
Natsu est postée juste devant les portes d’un village de ninjas. Quand elle jette un regard sur sa vie, elle s’étonne elle-même d’être ici.
Il y a deux ans, sa vie de voleuse s’est achevée, grâce au papi rencontré cette nuit-là. Il lui avait demandé d’être sa garde du corps, contre monnaie sonnante et trébuchante, et elle avait accepté. Le pauvre n’en avait plus pour longtemps pourtant, mais ses héritiers avaient eu envie de précipiter les choses, et plus d’une fois. En deux ans, elle lui avait sauvé six fois la vie, car si Dimitri était une enclume, il manquait le cerveau.
Au-delà de l’argent, il lui avait permis de comprendre une chose importante. Vivre comme elle le faisait ne la protégeait pas. En revanche, se placer au service d’un autre, qui vous nourrissait pour vous battre pour lui, assurait le plus souvent un toit, et de quoi manger, et les moyens, plus ou moins orthodoxes, de vous protéger des autres.
Son choix était fait.